Ménage d'automne

Publié le par Tiger


La coupe du monde de rugby a eu l'effet que l'Elysée attendait : occuper les médias et les esprits. Certes, les bleus se sont artistiquement plantés, et leur ex-chef est entré par la petite porte dans son bureau tout neuf de secrétaire d'Etat ce lundi matin. Bureau derrière lequel se trouve un siège éjectable, et le grand businessman chauve à lunettes devra s'y asseoir avec moult délicatesse et s'y faire tout petit en attendant que la prescription le blanchisse discrètement des soupçons de fraude fiscale qui entâchent sa réputation de grand sportif. Au passage, et contrairement à l'annonce en trompette de sa nomination, Bernie la poisse ne sera pas en charge de "la jeunesse et des sports", mais simplement des "sports".

Pour contrebalancer la défaite historico-humiliante des trente joueurs du quinze de France, Nabot-Léon a du lancer un énorme missile sur les médias : un communiqué lapidaire, en quinze mots, pour annoncer officiellement l'autre débacle de la semaine : celle de son couple.

Les médias avaient donc largement de quoi remplir leurs pages et leurs temps d'antenne, et, dans l'ombre, la karcherisation de la société pouvait continuer tranquillement et dans l'indifférence quasi-générale. Ainsi, qui s'inquiète de l'actuel grand "Dati Tour" de la psycho-rigide garde des Sceaux qui s'en va annoncer, région par région, droite dans ses escarpins, le démembrement des structures judiciaires ? Qui a su, en lisant son journal ou en regardant le télévision, qu'elle s'était fait copieusement siffler, aussi bien à Rouen qu'à Pau ? Pourtant, ce n'est pas parce qu'elles sont des non-événements médiatiques que les politiques de réforme de la carte judiciaire et du durcissement des textes répressifs n'en sont pas moins dangereux. La communication showbizienne de l'Elysée sert d'écran de fumée à une remise en cause profonde des prinicpes fondamentaux de l'Etat. Il suffit, pour se convaincre que la justice tend chaque jour un peu plus vers l'injuste, de suivre Florence Aubenas au tribunal de Nanterre. Elle y a croisé des justiciables ordinaires dépassés par la complexité des procédures, qui sortent d'une audience sans avoir compris s'ils étaient ou non condamnés, des personnels littéralement débordés de travail et confrontés à la sordide réalité du quotidien (on est bien loin des séries télé américaines...), une culture du chiffre qui s'insinue dans (presque) tous les rouages, et parallèlement à tout ça, une autre justice, celle des grands, des riches, des puissants, des politiques, qui peuvent continuer à dormir tranquille. Une enquête minutieuse, édifiante et indispensable à ne surtout pas manquer.

Dans le domaine de la petite histoire (souvent aussi révélatrice que la grande),voici un autre coup d'éclat à mettre au crédit de la mesquinerie du petit nerveux agité : l'éviction du patron de l'INSEE, l'Institut National des Statistiques, chargé notamment de calculer et de publier les chiffres du chômage. Ces derniers ont été contestés par les employés de la maison, ce qui avait contraint l'institut à en suspendre la publication, ce qui, en pleine campagne électorale, avait fait tâche. jean-Michel Charpin paie-t-il la mauvaise tenue de ses troupes ? La manoeuvre, grossière mais peu médiatique, est dénoncée d'une seule voix par les syndicats qui craignent pour remise en cause de l'indispensable indépendance de l'Insee. Et ils estiment que le départ de Jean-Michel Charpin, "véritable fait du prince, affecte gravement la crédibilité de la statistique publique".

Et dire que Cécilia n'est plus là pour réduire Ses ardeurs...

Publié dans ça ne tourne pas rond

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