La chasse aux enfants est enfin ouverte !

Publié le par Tiger


Depuis le temps qu'on l'attendait, cette fois, la nouvelle est officielle : la chasse aux enfants est ouverte. Un courrier électronique de l'inspection académique du Haut-Rhin à destination des directeurs d'école est sans ambiguité aucune :

Mesdames et Messieurs les Directeurs,
Avez-vous connaissance de scolarisation d'élèves "sans papier" dans votre établissement ?
Dans l'affirmative, veuillez nous le faire savoir dans la journée par e-mel ou par téléphone au 03 89 21 56 ** ou 03 89 21 56 **. En vous remerciant.
DVS/3

Vous avez bien lu. C'est formidable, car l'administration, dans sa grande et belle diligence, nous dédouane de tout effort : inutile de partir soi-même à la recherche d'enfants sans-papier, les mains des citoyens resteront propres, puisqu'une simple dénonciation suffit. Comme au bon vieux temps.
Cette fois, s'en est fini et bien fini de tous ses #@!&¤ d'immigrés clandestins qui volent les emplois, le pouvoir d'achat et l'honneur national des français. Bon, ils n'égorgent pas encore nos fils et nos compagnes, mais mieux vaut  prévenir que guérir, n'est-ce pas ?

Il fallait s'y attendre, ces gauchistes de dirtecteurs d'école ont mal réagi et ont refusé de se plier à la cause. Et de prévenir la presse, qui a monté l'affaire en Affaire. Face à ces rebuffades, l'Inspection Académique du Haut-Rhin a rapidement envoyé un courrier électronique de contre-ordre en expliquant que cette demande était "sans objet" car parvenue aux directeurs d'école "par erreur". Le ministre de l'éducation a regretté "la maladresse" de l'inspection académique. Finalement, il ne récuse pas le fond du sujet, simplement la méthode. On regrette cette reculade ministérielle, alors que le chef de l'Etat rappelle à qui veut l'entendre qu'il n'y a pas de tabou et que tous les sujets doivent être abordés. Certains se consoleront en estimant qu'il s'agissait là "d'un ballon d'essai", une pierre jetée dans le jardin des médias pour juger de la réaction populaire avant une initiative officielle et décomplexée. Ce serait alors une habile manoeuvre de prudence.

Chers lectrices, chers lecteurs, non, je ne suis pas atteint de sarkomania, vous aurez compris qu'il convient de prendre ce qui précède au deuxième degré. Malheureusement, le rouleau compresseur sarko-médiatique lamine les consciences et ce discours poujado-sarko-nationaliste s'imprègne subtilement dans les consciences avec la complicité (pour le moins passive) de la plupart des médias. Dans les articles de presse qui ont servi de base à cet article, des défenseurs de la cause des sans-papiers et des syndicalistes du monde enseignant évoquent la "base élèves". Qu'est-ce donc ? rien de moins que le fichage des élèves du primaire. Ce fichier est hébergé dans les rectorats, et il est accessible par les maires, les inspecteurs d'académie, les directeurs d'école, depuis n'importe quel poste relié à internet. L'article consacré à ce fichier dans Wikipédia liste quelques points qui font grincer les dents des défenseurs des libertés individuelles :

  • Certains champs à renseigner (comme la date d'entrée en France, la langue et la culture d'origine, les aides spécialisées reçues, les intervenants éventuels, la situation familiale) sont liés à l'immigration ;
  • La base enregistre les difficultés sociales de la famille, les difficultés scolaires, et des informations médicales, psychologiques et psychiatriques ;
  • Certains craignent que la base ne puisse être détournée de son usage premier (gestion des écoles) pour, par exemple, intervenir dans le contrôle des flux migratoires ou utilisée pour repérer l'absentéisme (et supprimer les allocations familiales des fautifs) ;
  • Des syndicalistes de l'Éducation Nationale relèvent que l'anonymat peut être levé en fonction des besoins de l'administration (en cohérence avec la volonté d'accroître le rôle du maire). Selon eux « Base-Élèves n’est pas un outil au service des besoins éducatifs de la jeunesse, c’est l'instrument d’une politique sécuritaire et policière » ;
  • L'inclusion dans une base de données informatisée ne se fait pas dans les contraintes prévues par la loi informatique et libertés : les parents ne sont pas systématiquement prévenus que l'inscription fera l'objet d'un traitement informatique.

Il suffit de lire un peu entre les lignes du site de l'Education Nationale qui présente le projet "base élèves" pour comprendre que l'Etat n'a même plus honte de sa politique. Finalement, le zèle d'un obscur employé de l'inspection académique (aux ordres, ne soyons pas naïfs !) n'est qu'une petite verrue maladroite dans le processus engagé de mise au pas de la société. Chaque jour, quelques morceaux de libertés, quelques morceaux d'acquis sociaux sont grignotés par quelques bestioles affamées dans une indifférence quasi-générale. Chaque jour, on vole à chacun un peu de monnaie, quelques miettes : c'est plus discret qu'un cambriolage, mais au final, tout aussi rentable. En tentant d'institutionnaliser la dénonciation des enfants, un nouveau vient d'être franchi.

Comme se le demandait l'humoriste Régis Mailhot hier matin sur France Inter, après la délocalisation du ministère de Christine Boutin à Lyon, à quand celle du reste du gouvernement à Vichy ?


Une devinette pour terminer :

En quelle année un petit homme nerveux, acrimonieux, vociférant est-il arrivé légalement au pouvoir avant de mener une politique brutale qui a conduit au pire ?
☐   1933
☐   2007

Publié dans ça ne tourne pas rond

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Eh ben je suis bien au Chili, moi!
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E
Bonjour,<br /> <br /> Nous sommes d'accord nous devons lutter et résister.<br /> <br /> Cordialement.<br /> <br /> Eric Bloggeur Mulhousien<br /> http://mon-mulhouse.over-blog.fr/<br /> http://monmulhouse.canalblog.com/
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M
Je crois que si ça ne bouge pas très vite, et vu les votes de cette nuit à l'Assemblée Nationale, le pire est effectivement à craindre !!!
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D
Les deux mon capitaine?
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